Une appellation, l’histoire d’un village
Bordée au nord, par le ruisseau de la Barbanne, ancienne frontière linguistique entre le gascon, à Pomerol, et le patois saintongeais au nord, l’appellation Pomerol jouxte à l’est Saint-Emilion, dans la région des graves des châteaux Cheval Blanc et Figeac.
Périodes antique et médiévale
Cette actuelle frontière est de l’appellation fut une voie de passage dès l’époque romaine entre le port de Libourne/Condat et les villas viticoles et de polycultures gallo-romaines, dont probablement celle du célèbre poète et consul Ausone, sise sur la commune de Montagne-Saint-Emilion. Au XIIe siècle, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem y établirent une commanderie et probablement un Hôpital pour les pèlerins suivant la voie Turonensis de Paris à Saint Jacques de Compostelle. Les bornes crucifères et la Croix de Gay (ISMH 1987), croix de carrefour liée à ce pèlerinage, sont les traces actuelles de l’ancienne possession hospitalière dont la vocation était essentiellement céréalière. L’ancienne église romane du village datant du XIe siècle, malheureusement détruite au XIXe siècle était probablement antérieure à l’installation des hospitaliers en terre de Barbanne. L’un des chais à barriques du château La Fleur de Gay, bâti avec les pierres récupérées lors de sa destruction, porte au fronton la date de 1898.
L’essor qualitatif à l’époque moderne
La seconde moitié du XVIIIe siècle marque l’avènement de la qualité pour les vignobles de Pomerol et Saint Emilion. La construction des ponts sur la Garonne au XIXe siècle et le dynamisme d’un négoce corrézien, indépendant de l’historique négoce de la place de Bordeaux, vont permettre aux vins de la rive droite de la Garonne de s’imposer par leurs qualités face aux vignobles bordelais des Graves et du Médoc.
Une image viticole toute bourguignonne en Bordelais
Conscients du devoir de protéger leur terroir, les viticulteurs savent rester vigilants, par l’intermédiaire de leur syndicat viticole et de la confrérie des hospitaliers de Pomerol, face à toute tentative d’urbanisation. Ce paysage rural, de petites maisons et bien sûr, de vignes soigneusement cultivées, à l’ombre tutélaire du clocher de la paroisse est une des caractéristiques de cette appellation, une image viticole toute bourguignonne en bordelais.
Le vignoble de Pomerol, 800 hectares d’appellation d’origine contrôlée, 150 récoltants déclarants, est en effet souvent comparé par son morcellement au vignoble bourguignon. D’autres analogies sont évoquées entre ces deux vignobles :
- une structure de terroir d’apparence simple mais de réalité fort complexe ;
- Le style des vins, opulence et séduction du merlot majoritaire ;
- des productions réduites sous certaines étiquettes pour lesquelles la demande dépasse largement l’offre.
Le hameau de Pignon, village historique de Pomerol et berceau du château La Fleur de Gay
Le berceau du château La Fleur de Gay et de la famille Raynaud-Lebreton est le hameau de Pignon au nord de l’appellation Pomerol, en bordure de la rivière Barbanne. Il s’agit selon toute vraisemblance du village historique de Pomerol, situé sur la route médiévale menant de Saint-Emilion à Guitres. L’ancienne église du XIe siècle se situait à 100 mètres au centre du cimetière.
L’ancien presbytère où l’abbé Trémolière cacha, en 1793, les girondins proscrits Barbaroux, Louvet et Valady se trouve au cœur de ce hameau.